Les temps indiqués dans ce post étaient ceux en date il y a quelques jours. Les progrès et évolutions étant fréquents, je vous encourage à consulter les leaderboards et vérifier auprès des sites des streamers pour vous informer de toutes évolutions.
A sa sortie lors de l'Automne 2010, Super Meat Boy a fait sacrément parler de lui. Maniabilité subtile et précise, personnages rigolos et difficulté intolérable, voici tant d'éléments qui ont fait le succès de la Team Meat, composée alors de Edmund McMillen et de Tommy Refenes, avec le soutien d'un certain Danny B. aux instruments.
Hommage aux grands jeux de la plate-forme 2D dont il récupère les initiales ainsi qu'aux titres indépendants qui pullulent sur la toile, Super Meat Boy se forge une très belle réputation. Le défi est au rendez-vous, et la sensation de progression demeure ici extrêmement forte et grisante. Il ne fut donc pas surprenant de voir débarquer les speedrunners pour tenter de réaliser des choses improbables dans un monde où scies sauvages et sels marins assaisonnent le parcours de l'ami décharné.
Parmi les premiers à s'illustrer, Breakdown, membre de la SDA, connu pour son amour du titre et ses facultés extraodinaires à achever le jeu avec une étonnante facilité. L'autre, plus célèbre mais tout aussi discret, ExoSDA, demeure toujours un point de repère. Pourquoi cela ? Tout simplement car le bestiau germanique est encore aujourd'hui en possession d'un temps impressionnant sur la run Any % Single Segment (atteindre le plus rapidement la fin du jeu d'un seul trait) qui date de...Octobre 2011.
D'ailleurs, l'animal reconnu pour son abnégation à façonner les runs les plus optimisées possibles vient tous juste d'être vaincu, plus de deux ans après sa performance en 18 : 39.
Cela est d'autant plus passionnant que malgré la découverte de nouveaux skips, l'optimisation progressive des déplacements et des sauts ainsi que des astuces pour toujours trouver des secondes à gratter, Exo occupait toujours la première position.
Toutefois, l'inconcevable était à prévoir, la faute à la découverte d'un nouveau raccourci trouvé récemment sur le boss de The Salt Factory, Brownie, qui permet l'économie d'une vingtaine de secondes si correctement réalisé. Moralité : VorpalSDA en est désormais le glorieux détenteur avec sa run en 18 : 30 qui devrait subir encore quelques modifications et évoluer étant donné la forte concurrence sur la spécialité. Cela n'empêche cependant pas la prestation de l'Allemand de demeurer un modèle de skill et d'exécution, notamment.
Au-délà des considérations de performance, que peut-on cependant trouver à cette run et à cet exercice ? Tout simplement, le travail est extrêmement amusant, gratifiant ainsi que très simple à apprendre. Et oui, contrairement aux apparences, Super Meat Boy est un jeu très simple à runner. Véridique.
Tempérons quelque peu nos propos. L'any % Single Segment est simple à maîtriser, très difficile à optimiser. Mais disons qu'il vous faudra peu de temps pour parvenir à vaincre Dr. Fetus et sauver votre dulcinée, Bandage Girl, en moins de 30 minutes. Et ouaip. Et si vous ne me croyez pas, regardez quelques runners et lancez-vous à l'aventure, vous ne verrez que ce n'est pas si terrible.
Cela ne remet cependant pas le talent et la capacité de travail des meilleurs performeurs en question car avant de franchir la barre symbolique des 21 minutes, bon courage, ça vous prendra des heures, de très grosses dizaines d'heures. Quant à ceux qui le font en 19 minutes, voire moins, là...
Autre argument qui joue dans le succès du speedrun de Super Meat Boy : la communauté. Cette dernière est très amicale, très curieuse, accepte et réclame de la concurrence ce qui donne régulièrement naissance à des Personal Bests (meilleurs temps personnels) plus proches les uns des autres. Qui plus est, nombreux sont les Français à s'attarder sur l'Any % : Sevla, MisterMV, Brother_Main, Jolenou, Dingodrole & Cie dosent fortement le speedrun. Très fortement même. Si vous voulez vite vous tenir au courant des derniers progrès et obtenir des conseils, des astuces ou des explications sur le leaderboards, ils seront ravis de partager leur forte expérience de la catégorie.
L'autre catégorie, très différente mais aussi extrêmement complexe et nerveusement difficile est la 106 %. Si si, des gens comme vous et moi enchaînent tout les niveaux du jeu, récupèrent tout les bandages, sauvent toutes les Bandage Girls, en moins de 1 : 30 : 00.
Autant vous le signaler tout de suite, si la run Any % est un modèle de concentration et d'exécution, la 106 % oblige à conserver ses nerfs au frais au cours d'une performance très intense. Ils sont d'ailleurs bien moins nombreux à accepter la contrainte mais cela n'empêche pas ces runners de se révéler extrêmement spectaculaires. Actuellement, le WR est entre les mains de Ouga, un runner Nordique qui, je le crois, joue au clavier (une torture) et arbore un temps splendide de 1 : 25 : 00. Du très très lourd, je vous le dis tout de suite.
Néanmoins, pas besoin de chercher ces temps plus monstrueux les uns que les autres, la run, intégrale ou plus courte, demeurent de véritables plaisirs. Clairement, des quelques jeux qui m'ont fait découvrir le milieu du speedrunning, Super Meat Boy est le plus attrayant. N'hésitez donc pas à vous lancer à l'eau, à interroger les runners avec courtoisie, vous découvrirez une pratique à la fois accessible et stimulante, car il n'est pas nécessaire de s'acharner pour produire des performances tout à fait correctes.
Sachez aussi que les runs qui s'approchent du WR donnent aussi lieu à des streams où la tension peut très vite monter une fois que les splits se révèlent avantageux et que le stress du runner s'intensifie. Et malheureusement pour eux, admirer leurs talents est un véritable régal.